Psychologue et coach pour les jeunes, Catherine Marchi répond aux questions des lecteurs du Figaro Etudiant. Cette semaine, Soukaina, 24 ans, ne trouve pas de travail et pense faire un autre master.

La question de Soukaina, 24 ans: «Je ne trouve pas de travail, dois-je faire un autre master?»

«Je suis ingénieur agronome, j’ai un master en management des ressources forestières que j’ai fait au Portugal. Avec toutes ces compétences, je postule, je passe des entretiens mais je n’arrive pas encore à décrocher un boulot. Je ne sais pas pourquoi, sachant que j’aime bien mon domaine d’études. Du coup j’ai réfléchi et j’ai pris la décision de faire un autre master en France pour avoir un nouveau diplôme qui peut-être m’aidera à obtenir un travail plus facilement. Je ne sais plus quoi faire, je suis perturbée. Je vous prie de bien vouloir m’aider».

1. Croyez en vous car il existe des leviers sur lesquels vous pouvez appuyer pour changer la donne.

Vous recherchez effectivement sans succès un job depuis plusieurs mois,. Mais ce n’est pas vous personnellement que vous devez remettre en cause, c’est votre méthode de recherche. Ne vous dites pas que le problème vient de vous, que vous n’y arrivez pas, que vous n’avez pas obtenu les bons diplômes. Vous avez les diplômes nécessaires et suffisants pour exercer le métier que vous avez choisi et qui vous plaît. La preuve: vous décrochez des entretiens! N’essayez pas de vous sortir de cette situation difficile en vous «réfugiant» dans de nouvelles études. C’est ce qu’on appelle en langage populaire «reculer pour mieux sauter». Cela ne vous aidera pas car le même problème risque de se poser à la fin de ce nouveau cursus. Entrer dans la vie active est certes difficile mais c’est possible. Croyez en vous car il existe des leviers sur lesquels vous pouvez appuyer pour changer la donne.

2. Analysez les raisons de vos échecs

Les entretiens ne se sont pas bien passés et n’ont pas eu l’issue escomptée. Considérez chaque tentative, chaque entretien non pas comme un échec mais comme une expérience constructive qui va vous aider à mieux réussir la fois d’après. Analysez ce qui s’est passé, ce que vous avez dit, les questions posées, les remarques du recruteur. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné? Qu’est-ce que vous auriez pu répondre ou dire de plus efficace? Qu’avez-vous oublié de mettre en avant? Cette prise de recul vous aidera à progresser.

3. Traquez les ruminations négatives

Les pensées négatives du genre: «Je n’y arriverai jamais», «c’est trop dur», «je ne suis pas à la hauteur», «je n’ai pas les bons diplômes», ont pollué votre mental. Il va falloir vous en débarrasser. Dès que vous sentez le découragement vous envahir, réagissez. Saluez mentalement ces pensées: «Ah, revoilà la tirade d’auto dévalorisation, je me reconnais bien là». Et enchaînez immédiatement sur des pensées positives: «J’ai autre chose à faire que de me laminer le moral. Par exemple réfléchir à ce que je peux mettre dans mes lettres de motivation.» Et entrez immédiatement dans l’action, sortez du mode «rumination mentale» pour y substituer le mode «réalisation».

4. Travaillez votre «storytelling»

En entretien, les premières minutes sont déterminantes, c’est une évidence et vous n’aurez pas deux fois l’occasion de faire une première bonne impression face à un recruteur. Pour créer de l’intérêt réfléchissez en amont: qu’est-ce que je pourrai dire pour l’intéresser et le persuader que je suis la bonne personne pour ce poste? Oubliez les présentations toutes faites et construisez le storytelling de votre parcours. Il ne s’agit pas de travestir la réalité mais de vous raconter de façon positive et attrayante aux yeux d’une personne qui ne vous connaît pas. Commencez la présentation par ce que vous êtes aujourd’hui, parlez de votre parcours en trouvant un fil rouge à tout ce que vous avez réalisé. Pourquoi l’agronomie? Pourquoi les forêts? Votre évolution doit être cohérente. Mettez en lien vos études, vos loisirs, vos envies personnelles, votre curiosité, vos traits de caractère, vos stages, vos choix. Il faut surtout éviter de donner l’impression à votre interlocuteur que vous êtes une «touche à tout» et que votre parcours est dispersé. Personnalisez votre parcours avec des anecdotes personnelles. Soyez enthousiaste, convaincante , courte et concise. Vous avez trois minutes maximum pour dérouler votre parcours.

5. Ciblez précisément l’entreprise et la personne que vous rencontrez

Réussir son entretien d’embauche nécessite une enquête préliminaire. Réfléchissez au positionnement du job pour lequel vous postulez. Faites le tour des réseaux sociaux pour glaner le maximum d’informations sur l’entreprise et sur le recruteur. Renseignez-vous sur les valeurs de la société, la culture d’entreprise, ses récents succès. Demandez-vous ce que vous (et personne d’autre) pouvez apporter de spécifique à cette entreprise. Contextualisez , identifiez vos atouts non pas en général mais dans cette situation précise. Mettez en avant vos compétences, votre sérieux, votre motivation, expliquez en quoi votre formation est riche, complète et adaptée au poste. Votre recruteur doit se dire que votre candidature n’est pas un hasard mais un choix.

6. Filmez-vous en simulation d’entretien d’embauche

Imaginez les questions que le recruteur va probablement vous poser et préparez les réponses. Entraînez-vous, seule ou avec une amie, à vous exprimer clairement et avec assurance. Plus vous saurez «votre texte» et moins vous vous sentirez démunie lors de l’entretien réel. Faites comme si vous étiez en situation de recrutement et filmez-vous. Contrôlez votre élocution, votre vocabulaire, votre débit de parole. Entraînez-vous à sourire, à laisser des silences pour que la personne en face puisse vous poser des questions.