Face aux examens, il existe une peur, insidieuse, qui conduit tout droit à l’échec, c’est la peur de réussir. Découvrez la vidéo coaching de Catherine Marchi, psychologue et coach scolaire, en décrypte les causes.

Il existe un syndrome bien connu du sportif qui le jour J va tout saboter, ratant de peu la gloire d’être en haut du podium. C’est le syndrome Poulidor, l’éternel 2 ème du Tour de France des années 60 et 70 . Ce qu’on sait moins, c’est que ce syndrome touche aussi les étudiants. Tout jeune qui a pour objectif de réussir un examen révise à fond pour y arriver et pour être prêt le jour J. C’est une démarche logique qui, en principe, doit mener au succès. Mais il peut arriver qu’après tous ces efforts, la réussite escomptée ne soit pas au rendez-vous. L’énergie positive s’en va, l’élève piétine, procrastine et échoue alors qu’il avait tout pour réussir. Avant de prendre les mesures qui s’imposent, il faut apprendre à mieux connaître ce phénomène.

Cause numéro 1: un manque de confiance en soi

La peur de réussir s’explique par un sentiment d’imposture, la croyance de ne pas mériter le succès. La personne est intimement persuadée que les autres vont la juger négativement si elle réussit, l’accuser d’avoir eu de la chance, de ne pas être à la hauteur. Ces doutes sur sa légitimité à faire partie des gagnants est la manifestation d’un manque chronique de confiance en soi. C’est ce qui déclenche le processus d’auto-sabotage qui mènera à l’échec. Celui qui manque d’estime de soi a intégré le message entendu maintes fois dans son enfance qu’il n’arrivera jamais à rien. Au moment de réussir, il reprend à son compte la dévalorisation des autres, il se dévalorise et échoue.

Cause numéro 2: la peur du changement

Outre le manque d’estime de soi, la peur du changement peut également induire la peur du succès. Réussir un concours, obtenir un diplôme, implique forcément une nouvelle orientation dans sa vie. Passer d’un statut d’étudiant de fac à celui prestigieux d’avocat ou de médecin peut être source de stress. Passer de la vie de lycéen à la prépa ou la Fac, quitter le confort relatif de la vie étudiante pour trouver un job, oblige à abandonner une situation qu’on connaît bien et qu’on maîtrise pour se lancer dans l’inconnu. D’où des interrogations: est-ce que j’en ai vraiment envie? Est-ce que je vais avoir encore du temps pour voir mes amis? Est-ce que je ne me suis pas trompé de voie? Quel va être mon avenir? Toutes ces interrogations sur les nouvelles responsabilités à assumer provoquent une forte angoisse et un blocage. La peur du changement va souvent de pair avec la peur de la séparation. Réussir son objectif c’est mettre fin à un cycle, c’est se séparer de ses copains, dire adieu à son adolescence et ce n’est pas toujours facile.

Cause numéro 3: un sentiment de culpabilité

Aussi étrange que cela puisse paraître, réussir peut déclencher chez certains une forte culpabilité. Tout se passe comme si ces étudiants n’avaient inconsciemment pas le droit de réussir. Comme s’ils ne s’autorisaient pas à faire mieux que leurs parents qui eux, n’ont pas fait d’études. Il n’est pas simple d’assumer d’être différent des autres membres de sa famille, de sortir du lot, de devenir important. Cela peut créer de la culpabilité et la crainte d’être rejeté par ses proches voire de ne plus être aimé par sa famille et ses anciens amis parce qu’on est en décalage par rapport à son milieu d’origine.

Cause numéro 4: une colère inconsciente

La peur de réussir peut aussi venir d’une colère inconsciente latente et jamais exprimée contre un projet de vie imposé par les parents ou la culture familiale. Le sentiment négatif et agressif déclenché par le fait de ne pas choisir sa propre destinée se retourne contre soi-même. Pour ne pas se plier à un désir qui n’est pas le sien, la personne en colère a recours à l’auto-sabotage.

Comment s’en sortir?

Pour surmonter la peur et le stress, revenez à votre base dès qu’ils surgissent. Reformulez votre objectif, pensez au chemin parcouru, à tous les efforts fournis pour en arriver là. Faites un tableau avec deux colonnes, d’un côté les avantages de la réussite et de l’autre côté les inconvénients consécutifs à la réalisation de votre projet. Vous verrez que le positif l’emporte largement et cela vous remotivera. Autre solution: visualiser sa réussite sous forme d’image mentale, afin de s’habituer aux conséquences de celle-ci. Un étudiant en droit peut s’imaginer en robe d’avocat en train de plaider. Petit à petit l’idée fera son chemin, et le fait de devenir avocat ne lui fera plus peur. Si l’idée de réussir le concours de Polytechnique paraît intimidante, il faudra s’imaginer en train d’annoncer les résultats à sa famille, à ses amis, à défiler sur les Champs Élysées… Enfin, soyez adepte de la méthode Coué: «Je vais réussir, j’ai le niveau, je suis le meilleur».